Qu’est-ce que la finance de marché ? Définition, explication et une illustration captivante.

La finance de marché est un secteur d’activité sur lequel les agents économiques réalisent, de manière professionnelle, des transactions financières sur des valeurs mobilières dans l’objectif d’en tirer des revenus.

Autrement dit, la finance de marché est une place financière ou Bourse, physique ou virtuelle, permettant l’activité d’achat et de vente de titres financiers par des opérateurs cherchant à concrétiser des plus-values.

Pour ce faire, les investisseurs professionnels adoptent une stratégie d’investissement basée sur la création de valeur, l’opportunité ou la spéculation.

C’est une partie de l’industrie financière symbolisée par les acteurs dominants que sont les banques et les compagnies d’assurance.

Sur ce segment, de nombreux intermédiaires interviennent également comme les courtiers, les fonds d’investissement, les hedge funds, etc.

En termes de valeurs mobilières échangées, il en existe de nombreuses formes : actions d’entreprise ; produits dérivés ; obligations ; les changes ; les matières premières ; etc.

Les technologies financières 

L’évolution des technologies a modifié en profondeur le mode de fonctionnement de la finance de marché. En effet, la survenance de supercalculateurs, de machine learning et d’intelligence artificielle captant et analysant du big data (bases de données géantes) a permis la substitution, au fur et à mesure du temps, des traders et du front office en salle de marché.

L’innovation apporte des avantages dans la capacité de calculs, la réduction des coûts, l’automaticité de la prise de décision, l’efficacité ainsi qu’un contournement des biais cognitifs et des effets de mimétisme des opérateurs.

Le secteur des technologies financières est appelé fintech et assurtech.

Illustration 

Le coup de bambou 

Jusqu’à deux heures du matin, le smartphone ne cesse pas de vibrer. Les messages instantanés se cumulent ; M. B connaît parfaitement leur contenu et tonalité.

Toute l’après-midi, il a enchaîné les réunions de travail organisées par le comité stratégique, une sorte de conclave de managers au service du conseil d’administration.

Cette fois, la chose est sérieuse ; l’enjeu est la survie, purement et simplement, de la multinationale. Quelle décision prendre ? Comment rassurer les 48.000 collaborateurs ? Que dire à la direction générale ?

Autant de questions qui taraudent M. B, scotché sur son fauteuil, le regard vide, à écouter des journalistes financiers survoltés.

Responsable des innovations au sein d’une grande banque de détail et d’investissement, il est confronté à un défi majeur : une rupture technologique provenant d’une start-up financière vient d’être annoncée dans les médias.

L’agence de veille concurrentielle, qui suit les tendances mondiales pour le compte de l’établissement, a confirmé la réalité de l’événement en déroulant des notes explicatives détaillées.

La propagation 

Pour l’occasion, le show médiatique organisé par la fintech nord-américaine a époustouflé l’auditoire physique et digital : une démonstration du prototype a été retransmise en vidéo en temps réel.

L’orchestration du storytelling de cette poussée technique a amplifié la portée de l’événement en rendant accessible au grand public un produit sophistiqué destiné à la dématérialisation de la monnaie.

Durant tout le show, M. B, habitant un appartement cosy d’une banlieue chic, n’a pas bougé d’un iota de son fauteuil.

Il scrute furtivement tous les écrans disponibles. L’odeur forte dégagée des lieux laisse à penser une intense activité cérébrale. Son épouse, surprise de le voir ainsi, a essayé quelques approches pour le faire coucher, sans succès.

Un rapport d’activité, qui se propage d’écran en écran sur les interfaces digitales sociales, insiste sur la découverte de nouveaux usages financiers et monétaires de la technologie blockchain.

Le buzzword est lâché et tourne en boucle sur les médias ; le cœur technologique du fonctionnement du bitcoin, le dinosaure des monnaies virtuelles, est basé sur ce processus sécurisé appelé également chaîne de blocs.

Les cartes bancaires et la monnaie fiduciaire – billets de banque et pièces – deviennent totalement obsolètes ; les moyens de paiement se virtualisent en court-circuitant le système bancaire classique.

D’autant que la création et la gestion de comptes bancaires virtuels peuvent être également associées au système révolutionnaire de la blockchain.

Le core business de banquier est remis en cause par ce protocole de désintermédiation ; des plateformes numériques promettent sécurité, gratuité et fluidité des transactions bancaires et financières.

Le joyau de la couronne 

Frontalement, l’épargne, le crédit et les moyens de paiement sont attaqués. Les centres de profit traditionnels vacillent mais résistent encore.

Contrairement à d’autres dirigeants, M. B avait anticipé ce phénomène en recommandant régulièrement à la direction générale d’investir sur des fintechs ainsi que sur les structures internes dédiées, même s’il aurait préféré différer l’échéance de cette disruption.

Plus clairement, la baisse des marges sur commissions des instruments de paiement a déjà été intégrée dans le modèle économique futur de la banque.

Toutefois, l’inquiétude suscitée provient d’une donnée sous-jacente au saut technologique annoncé, passée totalement inaperçue.

En feuilletant la nuit durant la documentation technique, il s’aperçoit que la start-up est en capacité de transposer l’algorithmie de la blockchain à la gestion totale de salles de marché.

Le segment de l’investissement et la finance de marché, vache à lait autrefois intouchable, pourrait en pâtir durement.

En réalisant une seconde levée de fonds de 4 milliards de dollars us auprès d’un tour de table d’assureurs, la start-up nord-américaine a les moyens de ses ambitions.

Le défi insurmontable

Pourtant, il y a 8 ans, la banque avait déployé un plan de transformation numérique suggérant une conduite du changement efficace.

Le rythme de la mutation a été trop rapide et brutale : la fréquentation des agences bancaires physiques a chuté de 69 % obligeant à la fermeture de 3.000 succursales et une métamorphose de la gestion de la relation clientèle.

Sur cette période, le produit net bancaire, équivalent du chiffre d’affaires, et le résultat net sont restés stables, laissant à penser faussement que la digitalisation de l’économie pourrait être qu’une simple opportunité de réduction des coûts fixes.

Certes, le board (direction) de la banque a gagné du temps en maintenant énergiquement ses revenus récurrents et des parts de marché mais en concédant des pans entiers de territoires stratégiques.

L’innovation a modifié les habitudes de consommation et modes de vie des clients : la banque s’est banalisée et est considérée, de moins en moins, comme une institution à part entière.

Elle n’est plus le bras droit exclusif et indispensable des puissances publiques ; d’autres canaux de diffusion et d’échanges d’argent, rapides, sécurisés, simples et moins chers, sont possibles.

La profondeur de la mutation ne concerne pas que l’usage mais aussi les mentalités : l’utilisateur a remplacé le client et a récupéré le pouvoir de décision sur son argent.

Les investissements massifs de la banque centenaire sur l’image de marque, l’organisation, le marketing et le lobbying ont permis de contenir le marché sans éviter cependant l’émergence de technologies financières de rupture.

Tentations et aléas

Au fond, M. B est convaincu que cette fintech va contribuer à la forte baisse de la valeur ajoutée et des marges du mastodonte bancaire remettant ainsi en cause, à terme, l’utilité et l’existence de leur business.

Vers 3 heures du matin, en ce jour printanier, l’épouse dévouée de M. B revient encore à la charge pour le convaincre de dormir et d’éteindre ses écrans à diffusion incessante d’informations nord-américaines.

Elle ouvre les fenêtres pour aérer la pièce en espérant que la brise matinale lui caresse la peau et le déplace de ce fauteuil.

Après mûres réflexions, il a pris un choix stratégique : à la réunion programmée le lendemain avec le numéro 1 de la banque, M. B restera muet.

De ses calculs, il en ressort que c’est la solution optimale, pour sa carrière professionnelle, son épouse et ses trois enfants. Cette posture apporte l’avantage de ne brusquer personne et de réduire le risque de son déclassement social.

Il minimisera la portée réelle de la découverte.

Quatre mois plus tard, il est débarqué de la direction de l’innovation. Par la suite, l’établissement bancaire a engagé une réorganisation totale de ses activités et sa culture d’entreprise a été revue.

Le comité stratégique a lancé un second plan de transformation sans qu’on en connaisse la teneur.

La start-up nord-américaine a capté 23 % de parts de marché dans le retail banking (banque de réseau) et 8 % dans l’investment banking sans atteindre la masse critique pour rentabiliser les investissements.

Continuum de lecture via le sens de l’asymétrie d’information, l’usage de l’alliance commerciale ou la signification de la commercialisation d’un produit ou service.