Opportunité de gain entre 20 et 60 dollars le baril de pétrole

L’OPEP – principale organisation regroupant les principaux producteurs de matières premières énergétiques – a perdu son monopole décisionnel absolu pour fixer le cours de référence du baril de pétrole (WTI). Durant longtemps, le moindre début d’annonce de cette organisation – surnommée « cartel » – faisait trembler les marchés, de manière presque exclusive.

Désormais, dans une société encore plus mondialisée et globalisée – dans laquelle l’information circule partout en temps réel – les traders et les autres agents économiques comptent sur un flux de facteurs provenant des 4 coins de la planète pour trouver un prix d’équilibre pour le pétrole.

La montée en puissance des pays consommateurs clients de la matière énergétique – ceux qui paient une bonne partie de la facture c’est-à-dire Chine, USA, Inde, Europe etc. – dans l’influence de la fixation tarifaire du baril WTI ou du baril de Brent a été également constatée.

D’autant plus que le principal pays consommateur, les USA, a pris – il y a 15 ans environ après les événements du 11-septembre 2001 – des décisions stratégiques en devenant un producteur et un fournisseur non négligeable de leur consommation d’énergie  : les États-Unis d’Amérique ont montré la voie aux autres acteurs du marché en investissant massivement dans la recherche, le développement technologique et le forage à moindre coût dans le segment des schistes notamment.

Les résultats sont là : un pic de puits de forage US à 1601 le 19/09/2014 a été atteint selon Baker Hughes alors que le prix de cotation du baril WTI était à 95 dollars us. Ce 1601 puits de forage est un record absolu et hallucinant en termes de nombre de puits forés dans toute l’histoire américaine.

Ce qui est encore plus incroyable, c’est le passage de 183 puits de forage le 12 juin 2009 à 1601 le 12/09/14 soit une hausse de 885 %  en moins de 5 années !

Le 29 juillet 2016, le nombre de puits de forage US a certes chuté à 374 – lié à l’effondrement du prix du baril de pétrole passant de 95 dollars us à 43 dollars us environ sur cette période – mais ce qui est utile de souligner c’est la capacité et la volonté des Américains à produire, dans un délai record, du schiste.

Ils ont montré, que du jour au lendemain, l’écosystème américain était suffisamment équipé, intégré et motivé pour lever une armée de puits de forage pour envahir les marchés nationaux et internationaux de produits pétroliers.

Ali Gaaya, expert tunisien en production et en exploration pétrolière, a d’ailleurs publié une note intéressante le 15 décembre 2014 sur le magazine ‘Leaders’  faisant un tour d’horizon succinct sur les leviers et ressorts du « krach pétrolier » incluant une analyse géopolitique et géostratégique intéressante (tensions USA-Russie-Iran-Arabie Saoudite, instabilités au Nigéria et au Venezuela…).

On n’oublie pas que le 11 juin 2015, les USA étaient devenus le premier producteur mondial de pétrole devant l’Arabie Saoudite. Qui l’aurait cru ? L’excellent papier fourni de Mme Sylvie Cornot-Gandolphe, chercheur, pour l’institut IFRI publié le 3 février 2015 détaille cette accélération de la révolution des schistes/LTO – lecture conseillée pour ceux et celles qui veulent avoir une « vue locale et globale » de la situation -.

La volonté décuple la capacité. Les USA ne veulent plus dépendre en énergie vitale des autres : il est hors de question de racler pour enrichir inutilement d’autres nations alors que les besoins en emploi et en économie sont immenses sur ce vaste territoire américain encore insuffisamment inexploré en matières premières juteuses en activité humaine tout en faisant face aux défis de la déshumanisation, de la robotisation et de l’automatisation des taches.

Et cette volonté intarissable est ressentie à tous les étages de l’appareil US : gouvernement, Département de l’Énergie, autorités sécuritaires, entreprises de production, médias, associations de consommateurs etc.

Le message envoyé par les USA est limpide et clair : nous produirons autant que nécessaire pour satisfaire nos immenses besoins énergétiques et exporter le maximum d’énergies à prix réduits. Et pour cela, les investissements technologiques ont été massifs et continuent de l’être pour réduire le coût de production et de vente des produits pétroliers.

Le prix point mort – le breakeven – qui est le prix minimal pour qu’un forage devienne rentable va continuer à se contracter sous les coups de masse des révolutions technologiques et de la volonté.

Le Département de l’Énergie américain (DoE) et les sociétés US du secteur rêvent d’un baril rentable à 20 dollars us. Et ils y arriveront, quel qu’en soit le prix à payer. C’est une question de temps et de sécurité nationale énergétique.

Pour les investisseurs, au jour le jour, – qui ont les nerfs bien solides et mis à une rude épreuve ces temps-ci – il faudra réaliser des coups et des va-et-vient sur un range de 20 dollars us/60 dollars us en suivant l’actualité, les analyses en temps réel et en essayant d’être plus malin et opportuniste que les autres. Encore un défi à surmonter.

Nizar Fassi pour www.rachatducredit.com