Qui est Generali (assurances) ?

Qui est Generali ? Quelles sont les offres en polices d’assurances ? Quelle est la stratégie ? Comment l’activité s’adapte-t-elle à la nouvelle donne technologique ? Scan express des ruelles de Trieste, centre de la confection assurantielle italienne. Pépites garanties.

1. Les conditions de la réussite

Lorsqu’on murmure Venise, on imagine la lagune, les ponts  et les canaux ; le symbole du tourisme italien et du farniente.

Détrompez-vous, elle est, avant tout, le lieu de naissance de la puissance financière et prudentielle italienne à travers la fondation de l’entreprise Generali en 1831.

Le meilleur reste à venir. Patience car il en aura fallu du temps, du labeur et des larmes à nos voisins transalpins pour capter 72 millions de clients dans le monde en moyenne observée.

Les ambitions de la compagnie sont tellement élevées, qu’elle avait décidé de déplacer son siège social à Trieste, toujours en bord de mer, proche de la Bourse de l’époque, pour mieux signifier son désir d’avenir.

De Venise, Generali a gardé le Lion de Saint-Marc, son célèbre logo rugissant, mimant le drapeau de l’ancienne  ambitieuse, la République vénitienne, souvent partante à la conquête maritime.

Deux siècles passés entre les batailles, les guerres, la misère et la prospérité – en mer, en air et sur terre – pour forger le caractère complexe de l’assureur.

Rien n’a été épargné à la compagnie ; des coups reçus, des coups donnés.

Quelques coups ont été aussi égarés, par-ci, par-là ; nos amis Italiens sélectionnent et trient la rancune en fonction des intérêts.

Puis, la magie de la paix a permis de se constituer une santé financière, sans jamais oublier les enseignements des conflits.

Les 61.3 millions d’habitants actuels de la péninsule, un bout de terre quelque part entre la Sicile, la Sardaigne et la mer Méditerranée, poussent, encore et encore, pour bâtir Generali.

Hors de question de laisser l’imprévisible prendre le contrôle des affaires et de ralentir la dynamique phénoménale des bijoux de la famille nationale.

76.000 salariés, 500 milliards d’euros en gestion d’actifs, 74 milliards d’euros de chiffre d’affaires par an, 60 pays en moyenne constatée représentent les gammes fondamentales de la transformation de la compagnie.

Le butin final valait bien les épreuves du temps. Enfin pour ceux et celles qui ont survécu et résilié aux mutations car les choses paraissent toujours plus simples et moins terribles, après coup.

Surtout si la chose contraignante concerne les autres.

Les assureurs français – avec leur mépris légendaire – ont dû attendre une année pour apprendre à se familiariser avec le Lion de Saint-Marc ; à l’an 1831 en plein Bordeaux, la boutique italienne a exposé ses griffes, sous le regard des vignes bordelaises, jamais trop loin du bon goût.

Avec classe et courtoisie, les polices d’assurance ont été présentées en vitrine ; on y trouve tous les costumes classiques du genre ; assurance automobile, habitation, épargne, santé, assurance-vie et garanties professionnelles.

L’analyse fine des contrats viendra, au fur et à mesure du temps, tout comme l’armée des actuaires et leurs calculs complexes en probabilités, plus ou moins utiles.

Sans aucun doute, l’épargne et l’assurance-vie sont convoitées par l’assureur ; les produits les plus rentables et les moins risqués dans la durée.

Les assurances en dommages, c’est rentable uniquement sur son marché domestique à moins de pouvoir brûler du cash et des investissements colossaux hors de ses frontières naturelles.

Et dire, que les rumeurs, bienveillantes ou malveillantes, susurrent une mort prématurée de la marque Generali sur l’Hexagone ; un désengagement partiel en front office, en quelque sorte.

Serait-ce possible et envisageable après un si long voyage historique français ?

Le back office français irait comme un gant à l’assureur, si l’on devait donner corps aux bruits de couloirs assourdissants de Trieste.

Autrement dit, les stratèges s’agitent à fabriquer un plan autour de la distribution de produits en marque blanche ; des services moins exposés.

La collecte d’épargne extérieure ne se fait jamais sans heurts : la marge de manœuvre est compliquée.

Au début, l’essentiel c’est d’étaler rapidement la marchandise, de faire quelques études de risques, puis les ajustements viendront ; la méthode marketing du Test and learn dans toute sa splendeur.

L’apprentissage par les erreurs est une science que Generali a eu le temps d’explorer, en long et en large.

Fort heureusement, le management successif de la multinationale est bien structuré, préparé, encadré, accompagné et renseigné dans un environnement d’abondance en flux informationnels contradictoires.

Aucun souci donc du côté du pilotage d’un capital humain augmenté et performant dans un contexte technologique avancé.

Problème, s’il y a, est bien plus profond et la scène se déroule presque hors des murs de cette vénérable structure assurantielle.

2. Après le festin, l’addition et le pivot

La commanderie de Trieste souhaite retirer ses billes des marchés non matures et non rentables. Les risques irriguent les rues européennes, depuis bien trop longtemps.

2008 est frappée par la crise financière des subprimes. Un coup de semonce mais on garde le mouvement et le cap malgré quelques corrections réglementaires, pour la forme.

2010-2011, un coup de bambou sur la tête de la planète financière par l’intermédiaire de la crise des dettes souveraines – risques sur l’endettement excessif des États incluant la Grèce, l’Italie, le Portugal, l’Espagne, la France, etc.

Quelques ajustements conjoncturels mais la dynamique de fond continue.

L’assureur italien est têtu ; il prie à Rome de donner force et courage à Super Mario – le sobriquet élégant du directeur de la Banque centrale européenne.

La BCE soutient déraisonnablement l’activité économique en injectant des liquidités tous azimuts, en rachetant des actifs et des dettes à l’aveugle, en fixant des taux d’intérêt directeurs faibles et en jouant un remake de la guerre des monnaies (dévaluation).

La solidarité et l’amour en zone euro, ça se prouve par des actes, pas que par des paroles.

On gagne toujours du temps pour transformer, muter et réformer les modèles.

Entre-temps, l’assureur intensifie, avec beaucoup d’autres, naturellement le lobbying pour se garantir des critères de solvabilité pas trop contraignants.

2017. La Grande-Bretagne sent que le roussi traverse ses frontières et décide de réduire son exposition aux risques européens.

L’Italie tremble lorsqu’elle observe sa montagne de dettes et les hommes de Generali s’inquiètent, un peu plus chaque jour.

Que faire ? S’enliser ? Communiquer ? Changer ?

Les facteurs endogènes anormaux apparaissent plus clairement à mesure que des facteurs exogènes pressent ; d’autres, ailleurs, aussi tentent de vivre et de survivre.

Coincé entre les événements aléatoires, le Français Axa, l’Allemand Allianz et la myriade de mutuelles, d’assurances et de banques, le Lion de Saint-Marc est épuisé de chasser des fantômes de carcasses.

En plus, pour les autres.

Compréhensible, la guerre économique est rude, souvent sans pitié.

Chaque joueur veut tirer son épingle du jeu, de manière optimale ; le sauve-qui-peut accélère les phénomènes et expériences.

Generali va se faire dépecer et se vendre à la découpe : la sélection naturelle a un côté boucher utile, elle élimine les moins performants – dans le cadre du respect des règles du marché – même si aucune entité ne souhaite être rangée dans cette catégorie.

Le marché français est devenu difficilement rentable. L’Europe de l’Est est une zone trop petite et culturellement compliquée.

À la limite, l’Allemagne et l’Espagne rapportent un peu, avec un potentiel de faible croissance mais ce n’est pas la fête non plus.

Rome imagine un rêve loin et plus fort pour Generali, la locomotive financière du pays, tout comme l’est AXA pour Paris et Allianz pour Berlin.

Calculs faits, le Vieux continent est devenu, peut-être, trop étroit et problématique avec ses 500 millions de consommateurs exigeants et vieillissants.

La fierté italienne veut rugir du côté de l’Asie et son marché de 4.5 milliards de consommateurs ; Generali est installée à Canton (Chine) depuis 2001 à travers Generali China Life Insurance et à Mumbai (Inde) par l’intermédiaire de Future Generali Ltd.

S’il faut prendre des risques, autant le faire pour un gâteau à potentiel élevé.

En 2035, rien qu’entre les deux voisins, l’Inde et la Chine, les perspectives démographiques annoncent plus de 3 milliards d’individus.

Lorsqu’on jette un regard réaliste et lucide sur les performances du Groupe chinois Alibaba, une vitrine culturelle et commerciale du digital, en termes de ventes, de technologies et de marketing, les appétits s’aiguisent.

Le Single Day shopping, chaque 11 novembre, une adaptation commerciale de la journée du célibat en Chine, le spécialiste du e-commerce réalise plus de 18 milliards de dollars us de ventes en une seule journée en moyenne constatée  !

Les 100 milliards de dollars us de CA en ligne en une unique journée pour un opérateur seront atteints assez rapidement au regard de la croissance vertigineuse du digital chinois.

Les secteurs de l’assurtech et de la fintech en Chine sont largement développés et financés, réalisant le travail de débroussaillage et d’éducation de la chose assurantielle.

Au-delà des chiffres, ce qui est utile de souligner c’est l’esprit chinois incarné par une volonté insatiable de réussites, de travail et de consommation, tel un défi mondial ou une revanche nationale lancée par l’Histoire.

Qui peut faire mieux sachant que l’Asie surpeuplée parie sur l’interopérabilité technique et culturelle des modèles de chaque pays la composant ?

Est-il encore possible de douter des perspectives ?

Laissant à des années-lumière le marché européen, devenu trop étroit, trop difficile, devenant presque négligeable, à comparer aux potentialités asiatiques.

De quoi marquer les esprits et de démontrer aux multinationales assurantielles et financières cette capacité chinoise à lever des armées d’acheteurs, friands de shopping via smartphone qui plus est, en un minimum de temps.

Le pivot asiatique s’opère, tout doucement. Le tout, c’est de manœuvrer utilement pour arriver à bon port.

Pour optimiser la réussite des implantations, elle a fondé des structures asiatiques via des partenariats locaux, du joint-venture sur-mesure.

Après bien des péripéties, les Italiens s’acclimatent à la prudence en s’acculturant à la sauce locale, bien profondément.

Du temps pour explorer, pour dialoguer, pour négocier, pour serrer la main puis ajuster en fonction de la vitesse de transformation du climat local d’affaires.

Bien entendu, les promesses échangées collent toujours à la culture typiquement italienne ; un succulent mélange de spontanéité nerveuse, d’intérêts individuels et parfois collectifs.

Le tout orchestré dans un spectacle flamboyant, toujours haut en couleur. Concurrence artistique et globalisée oblige, le réel dépasse souvent le cliché.

Même la culture et les traditions accélèrent et s’adaptent, pour la survie.

3. La connaissance et le savoir-faire, partout

Désormais, chaque agent économique, quelque soit sa nationalité, dispose d’outils multifactoriels performants alliant des fonctions en connaissance, en retour d’expérience et en ajustement ; le respect culturel de l’autre est donc de rigueur.

En assurance, l’essentiel, c’est de durer, pas de faire un coup puis s’en va.

L’édification d’une planification stratégique évolutive en temps réel se concocte en aval, dans un chaudron algorithmique qui tienne compte des facteurs endogènes et exogènes à l’activité.

Sans omettre l’intégration des mutations de l’écosystème socio-économique et géostratégique en constante instabilité.

Si l’on souhaite ne pas perdre trop de temps et de précieuses plumes, on calcule, même si c’est rébarbatif, puis on tranche des décisions cohérentes.

Generali a validé l’ensemble des processus techniques et financiers pour affronter et se conformer à la nouvelle donne.

Il ne lui reste plus qu’à trouver l’énergie d’une vision, du courage et un projet pragmatique pour retrouver la liberté d’agir, dans la raison, en s’affranchissant de la formation légendaire du Teatro lirique Giuseppe Verdi de Trieste.