La priorisation : capacité ultime du freelance ?

La priorisation : capacité ultime du freelance ?

Près de 90 % des freelances se sont lancés par choix et 91 % ne souhaitent pas devenir salariés selon une étude de l’organisation OuiShare.

L’accès à l’indépendance professionnelle est un rêve, désormais plus aisé à concrétiser depuis l’accélération des changements socio-technologiques ; impulsée par la digitalisation de l’économie.

Dans un espace devenu ultra-concurrentiel, l’auteur suggère l’étude de la relation entre la priorisation des tâches et la réussite professionnelle ; le freelance pourra-t-il tirer son épingle du jeu ?

Solitude à dépasser

L’ensemble des freelances représentent une armée de 830.000 personnes, environ 10 % des actifs selon des données publiées par Les Echos. Le taux de croissance de cette activité ne cesse pas de croître : 130 % en une décennie.

Le futur de l’emploi réside, en toute probabilité, dans une forme plus ou moins hybride de travail indépendant.

Pourtant, face à un écosystème d’affaires complexe, le freelance est presque seul. En tout cas, il l’est totalement lorsqu’il doit prendre une décision ou déterminer un choix professionnel.

Les ressources et moyens limités le contraignent à penser profondément avant d’activer toute action commerciale ou marketing engageante.

Les mutations techno-sociales rapides ont placé un cadre du jeu dans lequel le freelance devra être un compétiteur performant et complet pour capter de la part de marché.

Il est alors mis devant une double injonction difficile à respecter :

  • maîtriser la technique sans cesse renouvelée ;
  • développer un sens social aigu.

Sachant qu’un outil technologique ou méthodologique en chasse un autre à une vélocité phénoménale, comment jouer de la différenciation ?

Quel avantage concurrentiel est-il possible de tirer profit ?

L‘optimisation de cette double contrainte relève de la formation et de l’apprentissage, au sens large du terme.

Autrement dit, la pierre angulaire se situe dans l’acquisition interdisciplinaire de savoirs, savoir-faire et savoir-être qu’il sera possible de monétiser ou rendre bankable à une clientèle de plus en plus exigeante.

L’afflux de données

L’accession au chemin de la connaissance passe par la lecture, l’écoute ou la visualisation de données textuelles, imagées ou vidéos.

Cependant, le flux important de données numériques en temps réel peut déstabiliser le triage, l’analyse et leur transformation en informations à valeur ajoutée, c’est-à-dire en savoirs.

Accéder à la capacité de métamorphoser les données brutes en idées exploitables pour son business exige un recul suffisant ; peut-être de l’expérience.

Toutefois, il est possible de développer, au niveau individuel, cette faculté ou compétence en se basant sur la technique de priorisation – une déclinaison du knowledge management.

En quoi consiste-t-elle ?

Elle suit quelques règles rigoureuses :

  1. intégrer qu’on ne sait pas tout ;
  2. accepter qu’on ne peut pas tout faire ;
  3. sélectionner les points les plus importants indispensables et utiles au développement de son activité ;
  4. classifier ces points par ordre de priorité – urgent ; important ; facultatif ;
  5. planifier raisonnablement et lucidement dans la durée les tâches en adoptant la stratégie des petits pas – vaut mieux faire un petit quelque chose utile chaque jour sans épuisement plutôt que rien ou que tout avec burn-out à l’arrivée ;
  6. savoir déléguer ou s’entourer de prestataires efficaces et compétents dans chaque segment d’activité – créer un réseau compact et utile – pour accompagner la validation des tâches et la concrétisation du projet ;
  7. itérer le processus en ajustant les points faibles et en amplifiant les points forts sans sortir de ce cadre.

Protection de la concentration

Notre attention est, par définition, limitée ; on se doit de se protéger des parasitages informationnels. Si bien que cette toxicité inhibe la concentration, la productivité, la créativité et l’efficacité au travail.

Doper le chiffre d’affaires, tout en préservant son capital santé et sa motivation, passe inévitablement par l’implémentation du process de priorisation et de sélectivité.

Le freelance augmenté n’hésitera donc pas à réduire drastiquement sa consommation de données nuisibles dans de nombreux domaines tels que les usages en réseaux sociaux, smartphone, mail, TV, série, jeu vidéo, etc.

Avec une médiane individuelle de 1H20 par jour sur les réseaux sociaux, 4 heures par jour sur le smartphone et 3H50 devant la TV, la marge de progression de dépollution, notamment pour dégager du temps efficace est énorme – études respectives de We Are Social et du cabinet eMarketer.

Ce temps de vie récupéré peut se décliner pour le repos, la formation artistique et créative, l’approfondissement du codage informatique, l’étude fine des outils marketing ou l’amélioration des techniques du management de projet.

Bien entendu, cela exige une certaine autodiscipline et des concessions personnelles nécessaires pour atteindre ses objectifs professionnels.

En effet, par la nature et les caractéristiques de l’activité indépendante, la porosité entre la vie personnelle et professionnelle est élevée.

Le freelance a tendance à négliger la gestion de son temps et son énergie ; l’activité exige une planification harmonieuse dans la durée.

C’est la raison pour laquelle de nombreux professionnels se forment aux outils du développement personnel pour trouver un équilibre durable.

Pourquoi pas affiner son art et le maniement de ses savoirs en classant les actions prioritaires et en éliminant des temporalités inutiles ?