Qui est Crédit Agricole Assurances (Pacifica, Predica) ?

Qui est Crédit Agricole Assurances ? Quelle est la place de Pacifica dans le Groupe ? Comment s’articule Predica ? Pourquoi l’assurance reste un segment vital pour la Banque verte ? Incursion rapide dans les arcanes d’une mutualiste aux ambitions élevées.

Le Crédit Agricole, par définition historique, est une entreprise mutualiste coopérative ayant pour fonction utilité, noble, de fournir du crédit au monde agricole, c’est-à-dire soutenir les métiers d’agriculteurs et de paysans français.

Tenaillé entre plusieurs tirs croisés et idées paradoxales, le bancassureur, originaire de Salins-les-Bains en Jura, village situé entre montagnes et verdures, a traversé l’histoire tourmentée française, en mode survie, en laissant une signature si particulière.

Au-delà des champs agricoles, essayons de s’immerger dans cette géniale épopée, pour en déduire, en toiles de fond, des lignes prospectives vertes et douces.

Voyage sur la planète agricole

La couleur verte s’illumine dès que l’on évoque le Crédit Agricole.

L’image d’Épinal d’un temps révolu n’est jamais très loin, quelque part coincée dans un coin de nos têtes, entre paysages verdoyants et flâneries paysannes.

Flattant probablement une nostalgie idéalisée, un peu déraisonnable.

Qu’importe, imaginons intensément des courbes architecturales peintes d’arbres, de maïs, de fleurs orangées, d’herbes, de terres agricoles à perte de vue.

Un voyage d’images, à la senteur d’air pure campagnarde, offert gracieusement par les sponsors du Tour de France.

Et puis, les éléments liés à la terre agricole et aux agriculteurs doivent toujours être prioritaires ; ça nourrit le ventre et l’esprit.

Au petit-déjeuner, déjeuner ou au dîner, fruits, légumes, viandes, céréales, ces merveilles produites par la nature, récoltés et distribués par l’écosystème économique, aiguisent nos papilles.

Nos paresses incitent à croire qu’il suffit de s’attabler au Procope, sis 13 Rue de l’Ancienne Comédie dans le VIe arrondissement de Paris depuis l’an 1696, pour apprécier quelques cuisines françaises gastronomiques.

Mais, avant de goûter à la première bouchée, bio ou pas bio, il a fallu toute une chaîne de valeur agricole qui se mette en marche.

Ces aliments subliment nos journées et meublent ainsi nos conversations contradictoires, caressons alors le monde agricole si l’on veut manger sain et rester en bonne santé.

Le Crédit Agricole a flairé ce filon ancestral en arrimant sa raison d’être, la création d’une chaîne de valeur, à nos besoins primitifs et alimentaires de survie.

Pour ce faire, la Banque verte a su tisser des liens locaux autour de l’agriculteur puis à les connecter au marché global.

Avec brio, 140 ans après les premiers dialogues fondateurs, la mission a été réussie : se retrouver au centre de gravité de l’économie.

Désormais, le Groupe est une multinationale disposant d’une faculté d’ubiquité financière, à rendre jaloux et inquiets tous les concurrents.

Marketing intensif aidant et nécessaire au commerce, on imagine, assis face à tous nos écrans, ce beau récit historique conté par la bancassurance, consubstantiel à la construction des villages et villes de France.

Ah, la ruralité rêvée, nourricière parfois méprisée, quel créneau en communication !

Dans cet Hexagone à la recherche d’un bonheur impossible, le rêve n’est pas encore interdit alors les communicants usent de cette liberté fantastique pour dessiner des images, des saveurs et des désirs agricoles.

Si la modernité met trop de pression ; on hume les valeurs ancestrales.

Surtout si les seuls témoins crédibles de cette époque restent des livres d’histoire, que peu lisent, : les bons marketeurs tricotent alors, façon design et smartphone connecté, des romans écologiques, somme toute, formidables.

Rêver de clichés, un divertissement gratuit qui ne fait pas de mal. À part faire envie d’acheter quelques bricoles, entre séries policières et fantastiques, pour animer les journées.

Le magma de données disponibles et paradoxales sur la respectable entité bancaire brouille aussi les pistes de la compréhension tout en contribuant à colorer et à façonner un storytelling efficient.

Le tri des perceptions et des faits joue alors une fonction importante, surtout, si l’on souhaite obtenir des explications claires et convenables sur les mécanismes intrinsèques du développement de la banque.

En la matière, cet établissement financier, fondé au XIXème siècle, reste un mystère économique et sentimental ; une chose financière à la fois intéressante, séduisante et insaisissable.

Le statut juridique de mutuelle n’aide évidemment pas à clarifier la situation. Il amplifie la complexité de l’objet d’étude.

En plus, si l’on y ajoute « coopérative », « Bourse« , « business », « solidarité », on peut ressentir comme une émotion étrange au goût de douce contrariété.

Un organisme mutualiste gagnant de l’argent ? Une banque faisant de l’assurance ? Une mutuelle cotée – directement ou indirectement – en Bourse ?

Une coopérative ayant des actionnaires et faisant une distribution de dividendes ?

Une mutuelle coopérative peut-elle opérer, de facto, telle une multinationale à capitaux privés ayant pris des risques ?

Un truc paradoxal gratte, ça ne colle pas trop. Mystérieux, tout ça, se dit-on.

Pourquoi a-t-on laissé passer cet objet volant non-identifié concurrencé le secteur privé et public ? Quelle est la fonction utilité ?

Bien entendu, des milliers de structures disposent des mêmes attributs mutualistes que le Crédit Agricole mais la force de frappe de ce dernier est assez significative.

Au pays de René Descartes, on aime la magie de l’assemblage raisonnable et harmonieux.

L’éducation et la formation à la française imposent, habituellement, une étrange discipline : ranger rigoureusement dans une case bien précise chaque élément correspondant pour que tout fonctionne correctement.

Un doux biais culturel, quasiment une obsession maniaco-dépressive nationale, suggérant à chaque acteur économique de la scène de jouer un rôle sans sortir, en principe, d’une étiquette pour concocter un spectacle à succès.

Si l’on interroge des utilisateurs lambda sur leur perception de « mutuelle coopérative », ils répondraient, sans sourciller, le plus naturellement du monde, une organisation à taille humaine, à but non lucratif, non cotée en Bourse et à objet social en qui ils pourraient accorder une confiance quasiment totale.

Last but not least, ce panel ajouterait cet élément primordial : une mutuelle coopérative reverse tous les excédents, chaque fin d’année, à ses membres sans réinvestissement ou autres techniques financières de provisions.

Probablement, ces utilisateurs lambda interrogés, façon micro-trottoir ou en mode discussions de café, sont-il un peu trop cartésiens, utopistes ou naïfs ?

Serait-ce là une évolution naturelle de la Banque verte pour vivre et survivre à une rude compétition économique ?

La gestion du réel peut dévier une trajectoire programmée.

On ne dirige pas un bancassureur ou tout autre communauté humaine avec des rêves et un idéal souhaité, en toute probabilité.

Si on avait permuté les rôles entre l’utilisateur lambda et le bancassureur, comme en immersion dans un jeu vidéo de simulation de réalité virtuelle, la trajectoire des choix de la banque aurait-elle été si différente ?

Retour express vers un passé, pas si lointain, pour optimiser la visualisation de l’écosystème bancaire et assurantiel et améliorer notre perception de la chose économique.

Comprendre les premiers signaux

Dès l’an 1884, une loi sur la libre création d’association a permis la constitution de la première Caisse locale du Crédit Agricole.

Le premier battement de cœur de l’organisme a été repéré dans le Jura ; par la suite, d’autres Caisses locales se sont développées un peu partout sur le territoire.

La puissance publique devait répondre à un problème de financement des agriculteurs – 80 % du PIB à l’époque -, d’où cette volonté d’ouvrir l’espace des possibles en termes de structures distributrices de crédit.

Des liens étroits se nouèrent entre les Caisses locales, la Banque de France et le ministère de l’Agriculture alimentant ainsi la croissance des activités bancaires.

D’année en année, le maillage de l’Hexagone se consolide, se structure via un réseau puissant d’agences bancaires et de fédérations centralisées.

Naturellement, l’offre de services du Crédit Agricole s’élargit pour solutionner les besoins d’une clientèle de plus en plus diversifiée.

La bienveillance des autorités locales et nationales envers l’ensemble était totale, pour l’intérêt de la ruralité et du secteur agricole ; mission prioritaire confiée à l’entité.

Jusqu’en 1984, la Banque verte était soumise au Code rural malgré un mode de fonctionnement bancaire, soulignant ainsi les avantages accordés.

Face à la forte demande des clients et la réussite de son projet bancaire, les Caisses décident de proposer des contrats d’assurance, symbolisés par la création de Predica en 1986 et de Pacifica en 1990.

En réalité, le management lorgnait le marché de l’assurance depuis plusieurs années ; le modèle de Groupama, son jumeau assurantiel, était scruté avec envie.

L’essentiel, pensait-on à l’époque, est d’accéder à la récolte de l’épargne ou à la gestion d’actifs – le nerf de la guerre -, par le chemin soit de la banque, soit de l’assurance ou tout autre moyen de captation des bas de laine.

L’entreprise Predica est alors chargée de concevoir et de distribuer des assurances-vie. Quant à Pacifica, elle fabrique et vend des assurances en dommages – auto, habitation, accident, récolte, etc.

Il faudra attendre l’an 2006 avant qu’une organisation commune chargée de l’assurance – Crédit Agricole Assurances – soit initiée, chapeautant Predica, Pacifica, CACI pour l’assurance emprunteur, Caagis, etc.

Soulignons la prise de guerre de la banque lyonnaise Crédit Lyonnais (LCL) en 2002, fortifiant un peu plus la capacité à collecter l’épargne et à distribuer des produits d’assurance.

Le géant de la gestion d’actifs, Amundi, pépite ultime du Groupe, accouche en 2010, dans la douleur, en partenariat avec la Société Générale.

La gestion d’actifs, le nerf de la guérilla

Entre nous, le private equity et la gestion d’actifs, c’est plus chic et rentable que l’agriculture. Un fait, ne jouons pas à nier les évidences.

Pour piloter ces métiers respectables, bien propres sur soi, nécessaire sera, au préalable, de convaincre les clients à confier leur argent, par tous les moyens possibles offerts par l’espace économique.

Les dépôts sont vitaux si l’on souhaite atteindre une taille critique et peser sur les marchés.

Faire preuve de créativité et d’imagination pour pondre des innovations utiles à aimanter le maximum d’épargne, voici là un joli défi.

C’est justement au sein de laboratoires en recherche et de développement du Groupe Crédit Agricole, des essaims éparpillés et improvisés un peu partout, que les salariés s’initient à collaborer, surveiller, coopérer et innover.

La structure Le Village by CA, symbolise ce rêve gourmand en open innovation, de quoi s’assurer un avenir prometteur.

Et s’inventer de nouveaux métiers, un peu plus éloigné de l’univers agricole ? Pourquoi pas ?

À choisir entre la gadoue campagnarde, les odeurs d’épandage des champs, l’incertitude des récoltes d’un côté et le parfum du luxe, le complet trois pièces, le salaire fixe de l’autre ; faut pas rêver, l’option est vite validée.

Confronté à ce choix, auriez-vous choisi une vision stratégique différente ?

Et nul cliché, ni caricature, le choix est parfaitement humain : une optimisation naturelle de son bien-être, voire une remontée pressante d’instinct de survie.

La statistique à la senteur mortuaire ne dément pas l’assertion : 3 millions d’agriculteurs, la clientèle d’origine du Crédit Agricole, ont été éliminés du marché en l’espace de 50 ans en France.

Les chiffres implacables donnent toujours à réfléchir.

Visiblement, la nature a dû mal à pardonner à ceux et celles qui n’ont pas suivi le chemin du progrès.

On murmure, par-ci, par-là, que cette dynamique destructive ne fait que débuter ; l’adaptation productive a de quoi faire peur, de quoi changer de profession.

Dans cet environnement délicat, les banquiers veulent donc survivre ; hors de question de finir dans les statistiques nécrologiques agricoles même si on les aime, parfois à la folie, nos agriculteurs.

Au moins, la gestion d’actifs, l’assurance et le placement, ça ne pleure jamais sur son sort, à l’opposé des agriculteurs à toujours se révolter sur la pénibilité et les charges du métier.

L’amour agricole n’est jamais aveugle dans l’univers bancaire ; on observe bien les changements de la société.

La transformation des affaires tous azimuts sonne vitale telle une envie irrésistible de projection intérieure et extérieure vers des métiers plus diversifiés, modernes et rentables, pour la banque du monde agricole.

Finie la petite mutuelle coopérative agricole, elle veut devenir un grand Groupe mondial bancaire et assurantiel aux côtés des géants bancaires et assurantiels AXA, BNP Paribas, Allianz, etc.

Oublions la promesse faite aux puissances publiques en l’an 1885, main sur le cœur, d’œuvrer charitablement et solidairement au financement exclusif des agriculteurs.

C’était une autre époque, il a bien fallu s’inventer et se réinventer pour approximer les besoins du réel.

À l’heure des voitures autonomes, des objets connectés, de l’intelligence artificielle et du big data, la Banque verte lorgne, à raison, cette charrette-là.

La banque du « bon sens près de chez vous », elle, a tout compris aux mutations économiques.

Rassurons-nous, la Banque verte reste l’organe financier pour 9 agriculteurs sur 10 en moyenne constatée, tout au moins, pour l’échantillon agricole ayant encore résilié et résisté aux fourches Caudines du temps.

Les filiales Crédit Agricole Assurances et Amundi, symbolisent cette métamorphose réussie – des champs de blé au building – et encouragent la poursuite de l’œuvre initiée il y a plus de 132 ans.

50 millions de clients en moyenne dans le monde, le Crédit Agricole a joué une partition globale presque parfaite.

Devenu central dans le financement de l’économie française, premier financeur, du haut de ses 1700 milliards d’euros au bilan en moyenne.

Sans omettre les 140.000 salariés ou équivalents du Groupe, effectifs répartis sur plus de 11.000 agences bancaires physiques sur tous les continents.

La filiale Crédit Agricole Assurances représente le 1er bancassureur européen avec 28 millions de contrats, 260 milliards d’euros en encours, 30.4 milliards d’euros de chiffre d’affaires par an et 4.000 salariés en moyenne constatée.

Quant au véhicule financier Amundi, il gère plus de 1000 milliards d’euros en actifs.

Le succès du modèle est sans contestation possible ; les résultats parlent d’eux-mêmes malgré les incertitudes.

Quel sera le prochain coup de pinceau du Groupe bancaire et prudentiel pour dessiner son futur ?

Recentrage souhaité ou recadrage subi dans un contexte d’une agriculture en grande souffrance et en mutation ?

Accélération dans la gestion robotisée d’actifs ?  Développement dans la technologie autonome et connectée ?

Essor de la bancassurance virtuelle à l’échelle locale et globale ?

Comment allier rentabilité, cohérence et lisibilité dans une stratégie contrainte par les ressources ?